La mondialisation a profondément influencé les comportements liés à la balance énergétique (CLBEs), notamment l'alimentation, le temps d'écran, l'activité physique et le sommeil, contribuant ainsi au développement de la masse grasse dès le plus jeune âge. En effet, à travers le globe, la prévalence élevée de surpoids et d'obésité chez les enfants demeure un défi majeur, et le continent européen n'est pas épargné, même si la mondialisation a eu lieu à des rythmes différents entre les régions. Par ailleurs, la sphère familiale constitue un environnement de choix pour la promotion de comportements favorables à la santé chez les jeunes enfants, au vu du rôle clé joué par les parents dans la mise en place des routines et des habitudes. Cependant, les études ayant entrepris d’évaluer le lien entre les CLBEs, la sphère familiale et le risque de surpoids se sont jusqu’à présent majoritairement concentrées sur les comportements pris séparément, alors même qu’ils co-existent. Leurs combinaisons en profils dit « multi-comportementaux » pourraient ainsi avoir des effets synergiques plus ou moins favorables sur la santé et le bien-être.
Ce projet de recherche visait à comparer les profils multi-comportementaux des enfants d'âge préscolaire dans différents pays européens, à analyser leurs liens avec des facteurs socio-démographiques familiaux et à évaluer leur association avec l'indice de masse corporelle (IMC), envisagé comme proxy du risque de surpoids et d’obésité. Pour atteindre cet objectif, des données harmonisées provenant de neuf cohortes de naissance du réseau EU Child Cohort Network, dont fait partie EDEN, ont été utilisées.
Dans toutes les cohortes, un profil multi-comportemental commun a émergé, caractérisé par la consommation fréquente d'aliments de faible qualité nutritionnelle, un temps d'écran élevé, peu de temps de jeu en plein air et un sommeil limité. De manière cohérente dans toutes les cohortes, les enfants issus de milieux à faibles revenus et nés de mères ayant un faible niveau d'études présentaient des scores plus élevés sur ce profil que les enfants issus de milieux socio-économiques plus favorisés. Ce profil était associé à un IMC plus élevé dans les cohortes espagnole et italienne.
Ces résultats illustrent le caractère contexte-dépendant de la thématique des CBLEs en lien avec le risque de surpoids et de l’obésité chez l’enfant et sont utiles pour éclairer les interventions multi-comportementales précoces visant à réduire les inégalités sociales de santé à l'échelle européenne.
Auteures : Alexandra Descarpentrie et Sandrine Lioret.
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