Bien manger au tout début de la vie, pendant la grossesse de la maman, mais aussi pendant les premiers mois, est fondamental pour permettre un développement optimal du cerveau de l’enfant. Des carences en certains nutriments clés (comme le fer ou l’iode) sont associés à des retards du développement, mais les résultats sont moins nombreux et moins cohérents chez les enfants en bonne santé. Ainsi, l’objectif de ce projet était d’évaluer dans quelle mesure les apports en protéines, lipides et glucides dans la 1ère année sont associés eu développement cognitif de l’enfant d’âge pré-scolaire. Nous voulions tester les hypothèses suivantes : (i) un apport plus faible en protéines et plus élevé en graisses à 12 mois serait associé à des scores neurodéveloppementaux plus élevés à 3 et 5-6 ans ; (ii) un rapport oméga-6/oméga-3 élevé serait lié à des scores neurodéveloppementaux plus faibles.
Les données collectées régulièrement dans la cohorte EDEN nous ont permis d’aborder cette question de recherche. En effet, lors du suivi à 1 an, les parents ont rempli des carnets alimentaires : toutes les consommations de leurs enfants pendant 3 jours ont été notées et quantifiées. Ces données ont ensuite été vérifiées par une diététicienne et nous avons pu en déduite la quantité de lipides, protéines et glucides consommées chaque jour par les nourrissons. Le neurodéveloppement des enfants a ensuite été évalué grâce à un questionnaire complété par les parents à 3 ans et par un entretien avec un enquêteur à 5-6 ans. Le questionnaire à 3 ans permettait d’évaluer plusieurs aspects du développement : communication, motricité, résolution de problèmes, relationnel. Le test à 5-6 ans avec l’enquêteur permettait d’évaluer le quotient intellectuel verbal et non verbal. Les analyses ont été menées chez 914 enfants à 3 ans et 785 enfants à 5-6 ans et tenaient compte des principales caractéristiques des familles.
Dans la cohorte mère-enfant EDEN, l'apport en macronutriments à 12 mois n'est pas apparu comme un déterminant fort des scores neurodéveloppementaux à 3 et 5-6 ans. Certaines associations ont été trouvées entre l’apport en acides gras polyinsaturés - acide linoléique et acide α-linolénique - et le score de relationnel à 3 ans et et le quotient intellectuel à 5-6 ans, mais nous ne pouvons pas exclure que ces résultats soient le fruit du hasard, car on ne les retrouvait pas dans toutes les analyses. L'influence potentielle de l'apport en acides gras polyinsaturés à la fin de la période d'alimentation complémentaire devrait être examinée de manière plus approfondie dans une population plus large, avec une plus grande variabilité de l'apport en acides gras polyinsaturés et avec plus de détails sur les différents acides gras polyinsaturés. Il serait également essentiel de tenir compte de l'influence des sous-types de glucides, comme les sucres ajoutés, et de l'influence de l'apport en micronutriments sur le développement cognitif de l'enfant chez les nourrissons nés à terme et en bonne santé issus de différents milieux, par exemple de milieux socio-économiques défavorisés.
Du point de vue de la santé publique, une meilleure compréhension des liens entre la consommation de macronutriments dans la petite enfance et la cognition/le développement neurologique serait importante pour permettre de formuler de nouvelles recommandations visant à améliorer l'alimentation de l'enfant en développement, à une période aussi critique du développement cérébral.
Auteur(s): Blandine de Lauzon-Guillain
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