De récentes données ont montré que 20 % des enfants de 6 à 17 ans étaient en surpoids dont 5,4 % en situation d’obésité en 2017 en France. Il est important de souligner que les enfants sont concernés dès le plus jeune âge, c’est-à-dire même avant 5 ans. Cette prévalence importante de surpoids (obésité incluse) chez les jeunes enfants suggère la présence de facteurs de risque intervenant très tôt dans la vie. La période des « 1000 premiers jours », de la conception aux deux ans de l’enfant, apparaît comme une fenêtre d’opportunité unique pour mettre en place des stratégies de prévention du surpoids et augmenter le bénéfice pour la santé globale future de l’enfant. A ce jour, plusieurs études scientifiques ont montré que des facteurs tels qu’une faible qualité de l’alimentation maternelle, un comportement sédentaire ou la consommation de tabac pendant la grossesse sont des facteurs de risque de surpoids ultérieur chez l’enfant. Certaines études ont aussi rapporté que l’indice de masse corporelle élevé du père serait un facteur de risque de surpoids chez l’enfant à plus long-terme, mais peu de données sont encore disponibles. Enfin d’autres études rapportent qu’un âge précoce à la diversification alimentaire, un comportement sédentaire chez l’enfant dans les premières années de vie seraient aussi des facteurs de risque du surpoids à plus long-terme. Cependant, la majorité de ces données ont évalué le rôle des facteurs en les considérant isolément, mais peu d’études ont eu recours à une approche prenant en compte l’ensemble du mode de vie familial.
A partir des données de l’étude EDEN, l’objectif était d’identifier des profils liés au mode de vie des parents avant et pendant la grossesse (incluant le statut pondéral des parents, la prise de poids au cours de la grossesse, la consommation de tabac, l’alimentation ou l’activité physique) et d’évaluer si ces profils étaient associés à une augmentation du risque de surpoids et d’obésité chez l’enfant entre l’âge de 5 à 12 ans. Les premiers résultats de ce projet ont permis de montrer que des profils caractérisés par un statut pondéral élevé des deux parents, une mauvaise qualité de l’alimentation, un faible niveau d’activité physique ou un comportement sédentaire étaient associés à un risque augmenté de surpoids et d’obésité chez l’enfant entre 5 ans et 12 ans. Nos travaux permettent d’apporter de nouveaux arguments sur l’importance d’adopter un mode de vie favorable dès la période pré-conceptionnelle et pendant la grossesse afin de prévenir le risque futur d’obésité chez l’enfant. Les professionnels de santé vont jouer un rôle primordial pour accompagner de manière personnalisée les familles et les encourager en ce sens.
La période des 1000 premiers jours est un moment où les parents se posent de nouvelles questions et au cours de laquelle il sera important de les rassurer et les soutenir. De plus, on voit également que les inégalités sociales de santé se sont renforcées ces dernières années en France. Celles-ci apparaissent dès le plus jeune âge, avant même la naissance, avec des différences de suivi prénatal et de comportements à risque pour la santé future de l’enfant à naître. Notre objectif est par la suite d’étudier les déterminants sociaux associés aux comportements de santé des familles, incluant les facteurs socio-économiques, contextuels tels que l’environnement urbain ou l’accès aux soins. Ce travail permettra d’identifier des potentiels facteurs leviers à prendre en compte pour le développement et la mise en œuvre de stratégies de prévention de l’obésité infantile : incluant par exemple la création d’environnements de vie urbains favorables à la santé, la garantie d’un accès favorable aux soins de santé ou la promotion d’un accès à une alimentation variée et équilibrée. Ce projet est également mené dans le cadre d’une collaboration européenne plus large appelée EndObesity, qui nous a permis de valider nos conclusions dans d’autres pays comme les Pays-Bas et l’Irlande.
Auteurs: Marion Lecorguillé et Co.
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